En produisant ses contenus, la Tate maitrise sa voix !
Entretien avec Will Gompertz, directeur de Tate Media
La 7e conférence « Communicating the museum », organisée par la société Agenda, s’est déroulée à Madrid du 4 au 7 juillet 2007 (www.communicatingthemuseum.com). 200 représentants de musées du monde entier ont échangé et dialogué sur le thème des "nouveaux médias". A l’occasion de cette conférence dont il était le président, Will Gompertz, directeur de Tate Media, accompagné de Claire Eva, directrice du marketing de la Tate, répond aux questions de Culture & recherche. Il explique la stratégie numérique de la Tate que Jemina Rellie, responsable de Tate On Line, avait exposée lors du séminaire de Versailles en novembre 2006.
Après avoir été directeur de la communication de 2002 à 2006, Will Gompertz est devenu directeur de Tate Media. A ce titre, il coordonne les activités numériques, le marketing et les relations presse, l’édition, les abonnements et la billetterie, ainsi que la promotion et les opérations spéciales.
Comment est née Tate Media ?
C’est une histoire en plusieurs étapes : création du site web (1998), naissance d’un département web (2001) et constitution de Tate Media (2006). C’est surtout une vraie révolution car nous sommes devenus producteur de contenus. qui s’adressent aux familles, aux enfants, à la communauté éducative ou aux professionnels des arts. En 2007, nous avons franchi une nouvelle étape en créant un département TV. Notre équipe de production réalise maintenant des programmes vidéos pour la Tate Gallery, mais également pour Channel 4.
En créant nos propres contenus, nous nous affranchissons des contraintes éditoriales des médias
traditionnels et nous pouvons initier des contenus exigeants et parfois pointus (pour ne pas dire de niche) que les médias ne produiraient et ne diffuseraient pas. Dans le contexte de la révolution numérique et du monde des médias, nous avons considéré que nous devions détenir le copyright sur nos contenus. Qu’en produisant ces contenus, nous les maitrisions et maitrisions notre communication et notre image. Ainsi, nous éditons un magazine (Tate etc), des DVD, un portail web et des podcasts.
L’objectif de Tate Media est de capitaliser et de maximiser le potentiel des actifs intellectuels et artistiques de la Tate : les collections, les programmes (expositions et activités éducatives), les connaissances (des conservateurs ou commissaires), les relations (avec les artistes) et la marque Tate.
Quel est le rôle du web dans cette nouvelle stratégie ?
L’une des pierres angulaires de la nouvelle stratégie média de la Tate a été la transformation du site web en un portail haut débit. Avec le soutien de notre partenaire BT, nous avons considérablement étoffé les contenus et services dédiés aux activités de la Tate et à l’art contemporain en général.
BT a apporté son savoir-faire, son expertise ainsi que des moyens financiers tandis que la Tate dispose de tous les droits intellectuels sur les contenus mis en ligne. Ces développements nous ont permis d’augmenter encore l’audience de Tate Online qui est le premier site anglais consacré à l’art visuel avec 1.5 millions de visiteurs uniques mensuels, contre 6 millions de visites réelles dans les quatre galeries. Le site web est également un formidable outil de marketing avec 14 bulletins et lettres d’informations qui sont envoyés chaque mois à 400 000 exemplaires.
Tate Media est constitué d’une équipe importante ?
Nous comptons aujourd’hui 20 collaborateurs sur un effectif global du musée de 850. En fonction de ce que l’on intègre dans nos coûts et dépenses, le budget de Tate Media représente 1 à 5 % du budget global de Tate.
Quelles sont vos relations avec les conservateurs ?
Notre mission est de soutenir et d’amplifier le travail des artistes, d’en accroître la visibilité. Nous le faisons main dans la main avec les conservateurs. Nous travaillons avec eux et pour eux, en créant des outils.
En vous appelant Tate Media, vous donnez l’impression de concurrencer les médias traditionnels. N’est-ce pas un danger ?
Non. Notre métier est la production de contenus, pas nécessairement la diffusion. Nous travaillons de trois manières : nous diffusons nos contenus sur nos propres réseaux (magazine, web, audioguides …), sur des médias partenaires (comme Channel 4) et nous pouvons aussi établir des partenariats marketing avec les médias, notamment les nouveaux médias.
A suivre ....
Propos recueillis à Madrid par Pierre-Yves Lochon