Coup de tonnerre dans le cinéma chinois. Time Warner, le principal investisseur étranger dans ce secteur, a annoncé ce mercredi la suspension de ses investissements, conséquence des contraintes juridiques.
La décision est une surprise. En septembre 2006, Warner s'était associé avec Shanghai Shimao pour construire un nouveau complexe, le "Metropolis".
En 4 ans, la division cinéma du groupe, Warner Bos avait considérablement investi dans les salles et les multiplexes. C'était même le premier investisseurs (étranger) en la matière.
Warner Bros International Cinemas exploitait déjà 6 multiplexes avec des partenaires locaux dont 2 en association avec Shanghai Film Group et deux avec Shenzhen Investment Trust. Selon Bloomberg, les revenus chinois de Warner Bros International Cinemas auraient atteint 120 MYuan (12 Millions d'Euros) en 2005.
Le complexe de 11 écrans, Paradise Warner Cinema City de Shanghai, (dont Warner était propriétaire à 49%) est même devenu le premier lieu de fréquentation cinéma du pays après 3 années d'exploitation.
Ambitieux, Warner Bros était prêt à accroître ses sites à hauteur de 30 dans les 5 prochaines années. L'américain était encouragé par l'assouplissement des règles qui avaient permis, en 2003, à des opérateurs étrangers de détenir jusqu'à 75% des sociétés d'exploitation de salles de cinéma dans quelques villes de Chine.
Mais en 2005, les autorités sont revenu sur cet assouplissement et ont demandé aux étrangers de céder le contrôle des sociétés communes à leurs partenaires locaux. Après un an de négociations infructueuses, Warner jette l'éponge et rend les clefs à des partenaires. le groupe américain marque ainsi son exaspération et condamne haut et fort l'instabilité juridique de la Chine, notamment en matière de médias. Sa participation est donc maintenant en vente ... et l'un de ses partenaires, Shanghai Media Group, serait candidat à la reprise. Le malheur de l'américain pourrait faire le bonheur d'une société chinoise ... à capital publique.
Philosophe, les observateurs chinois considèrent que "Time Warner a voulu aller trop vite", encouragé par la forte croissance des recettes en salles (+30% en 2005, pour atteindre 254 M$ US, +35% au premier semestre 2006).
Time Warner ne se retire pas entièrement du cinéma chinois, il maintient pour l'instant ses activités de production de film chinois, de distribution vidéos, de commercialisation de produits dérivés et ses magasins Warner Studio. Warner continuera également à diffuser certains de ses films dans les salles chinoises, via les distributeurs officiels. Une activité très bénéfique : la production Warner "Harry Potter", fut le premier générateur de recettes en salles en 2005, en Chine, avec 80 MY de recettes.
Cette décision de Time Warner intervient après le choix de Murdoch, MTV (Viacom) et Turner (filiale de Warner) de se concentrer sur l'internet et les télécoms, pour contourner le renforcement de la règlementation autour de la télévision.
Sources : Bloomberg, Reuters (9 nov 2006)
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