Le protectionnisme ambiant touche également le dessin animé. Pékin veut protéger son industrie et ses 250 millions d'enfants !
- Les autorités chinoises sont passées à l'acte et le Sarft a finalement pris la décision, annoncée depuis plusieurs mois, de bannir les programmes d'animation étrangers du prime time des chaînes de TV chinoises, à compter du 1er septembre 2006.
Dans ce cadre, les dessins animés coproduits par des sociétés chinoises et étrangères devront obtenir l'accord du Sarft pour être diffusés entre 17H et 20H.
Cette règle s'appliquera aux chaînes généralistes locales et nationales (satellite) ainsi qu'aux chaînes thématiques jeunesse. Depuis 2004, 3 chaînes animation / jeunesse ont été autorisées par le Sarft. La dernière sera lancée en septembre 2006, sous le contrôle de Southern TV Stations (Canton).
Le mouvement de reprise en main a été progressif. En 2000, une première restriction avait été imposée pour limiter l'invasion japonaise. En 2004, le Sarft avait limité les programmes étrangers d'animation à 60% du temps d'antenne. En 2005, les programmes mélant live et animation avaient été interdits de diffusion.
Cette dernière mesure radicale aura un impact sur les sociétés communes qui avaient été autorisées en déc 2004 entre des chaînes chinoises et des studios étrangers, tels la joint venture établie par SMG et Nickelodeon.
- Par ailleurs, la Chine poursuit sa politique d'encouragement à la production locale d'animation. Fin juillet, 10 ministères centraux se sont associés pour soutenir l'industrie chinoise de la production d'animation. Le pays compte produire 70 000 minutes d'animation en 2006 contre 47 200 en 2005. Sur le seul premier semestre 2006, le volume de l'an dernier a déjà été dépassé avec 50 000 minutes de nouvelles images.
Le Sarft y voit les premiers résultats des nombreuses aides financières des autorités nationales et locales. L'industrie locale de l'animation doit cependant faire face à deux problèmes :
- l'insuffisance des financements des chaînes chinoises (600 à 1 000 Yuan par minute, 75-100 $ US) et
- le caractère peu attractif des sujets. 80% des jeunes chinois interrogés préfèrent les dessins animés étrangers !
Forte de cette meilleure santé, les producteurs et auteurs chinois sont même à nouveau courtisés à l'international. Sunchime Cartoon Group, basé à Changsha, a ainsi vendu les droits de son personnage Blue Cat à l'anglais Eaglemoss Publications.
Les mesures protectionnistes obligent les diffuseurs chinois à réinvestir dans leurs studios. Le programme à succès Little Magic Dargon Club (Dragon TV du groupe Shanghai Media) a acheté des programmes chinois à la place des nombreux programmes étrangers (japonais, coréens et américains) habituellement acquis.
Ces mesures d'incitation ou de restriction n'empêcheront pas les studios américains, japonais ou européens de recourir aux milliers de graphistes chinois pour produire leur propre animation !
Les autorités soutiennent également le cinéma d'animation. La première super production nationale "Moebius Strip" est sorti en août. Son budget de production a atteint la somme record de 130 MY (13 M Euros). Hélas le succès n'a pas été au rendez-vous. Ses 10 ers jours d'exploitation ont rapporté 100 000 Y à Hangzhou, alors que Gerfield 2 avait rapporté 600 000 Y en 3 jours, dans la même ville !
Sources : Xinhua (15 août 2006, 25 août 2006)
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